Remarques sur le cadastre
Le cadastre a été instauré par Napoléon Ier par la loi du 15 septembre 1807, qui prescrit la confection d'un "cadastre général parcellaire" : il s'agit de mesurer plus de 100 millions de parcelles, de faire un plan pour chaque commune où se trouvent les parcelles, de classer celles-ci en fonction de la fertilité du sol, d'évaluer le produit imposable, de réunir sous le nom de leur propriétaire les parcelles éparses, de déterminer le revenu de ce dernier, et de faire de ce revenu la base de l'impôt.
Quelques années auparavant, sous le Consulat, une première tentative avait eu lieu : « le cadastre par masse de culture ». Créé par l'arrêté du 12 brumaire an XI (3 novembre 1802), ce cadastre se proposait à partir d'un plan levé au 1/5000e de réunir tous les terrains portant des récoltes identiques (terres labourables, vignes, prairies, etc.) par masse, sans tenir compte des propriétaires qui n'avaient qu'à déclarer la superficie des fonds qu'ils possédaient. Les résultats décevants conduisirent à abandonner le principe d'une distinction des terrains d'après la nature de leur culture au profit d'une distinction fondée sur la délimitation parcellaire et l'identification du propriétaire.
Il n'existe dans le fonds des Archives départementales de la Lozère que trois plans par masse de culture : 3 P 1672 Les Salelles, 3 P 1692/1 et 3 P 1692/2 Le Villard. Ils sont datés de l'an XII (1803) et de l'an XIII (1804).
Présentation des documents
Le cadastre, qui est donc à la base des contributions foncières des propriétés bâties et non bâties, comporte plusieurs sortes de documents : les procès-verbaux des opérations cadastrales (procès-verbaux de délimitations des communes et de divisions en sections, triangulation), le plan cadastral, le registre des états de section, la matrice cadastrale. À ces documents, il faut ajouter quelques dossiers qui constituent le fonds de la préfecture (instructions, correspondance, contentieux).
3 P 1 - 3 P 11 Fonds de la préfecture (1808-1945)
3 P 12 - 3 P 20 Décomptes de travaux, enquêtes (1803-1899)
3 P 21 - 3 P 287 Dossiers d'opérations cadastrales - classement par communes (1807-1844)
3 P 288 - 3 P 1496 États de sections (1807-1882) et matrices cadastrales des propriétés bâties et non bâties, classement par communes (1811-1972)
3 P 1497 - 3 P 1508 Atlas parcellaires cantonaux, il s'agit des plans des communes des cantons suivants : Le Bleymard, Florac, Marvejols, Nasbinals, Le Pont-de-Montvert, Villefort (1807-1830)
3 P 1509 - 3 P 1626 Atlas parcellaires communaux (1807-1830)
Les différentes feuilles sur lesquelles sont dessinés les plans des sections sont reliées.
3 P 1627 - 3 P 1692/2 Plans. Lacunaires, ils ne concernent pas la totalité des communes (1807-1830)
3 P 1693 - 3 P 1890 Plans minutes communaux (1808 -1843) et plans dits « bleus de rénovation » (1930)
Les plans minutes communaux sont numérisés.
3 P 1891 - 3 P 1901 Plans de la commune de Mende dits "drap de lit" (1809-1810)
La totalité de la commune de Mende est représentée sur une surface de 2 à 3 mètres carrés (les plans des différentes sections ont été fixés les uns aux autres).
Définitions des documents
Le plan cadastral
Il est la représentation graphique du territoire de la commune dans tous les détails de son morcellement, soit en propriétés, soit en cultures ; il est formé :
- d'un tableau d'assemblage, plan à petite échelle (1/10000e) représentant l'ensemble du territoire communal et indiquant sa division en sections (section A, section B, etc.) et le cas échéant, la division des sections en feuille (1re feuille, 2e feuille, etc.).
- de feuilles parcellaires sur lesquelles sont représentées les différentes propriétés et les différentes natures de culture sous la forme de « parcelles » numérotées par section de 1 à n. Échelle 1/2500e - 1/250e.
En ce qui concerne les atlas, l'échelle du plan est différente (1/5000e). Les feuilles ont pu être reliées pour rendre plus facile leur consultation.
Le plan bleu dit « de rénovation »
La loi du 16 avril 1930 prescrit une révision reconnue indispensable des évaluations foncières des propriétés non bâties. Dans le même temps, elle pose comme préalable nécessaire et indispensable la rénovation générale de l'ancien cadastre, à la charge de l'État. Les géomètres réalisent une duplication des feuilles du plan cadastral napoléonien grâce à du papier carbone qui leur sert de support avant de créer le nouveau plan de rénovation. Ces plans dits « bleu de rénovation » en raison de la couleur encore apparente des tracés dûs au carbone n'ont pas été conservés pour toutes les communes. Leur consultation permet cependant d'étudier l'évolution du parcellaire.
Le registre des états de section
Constituant la légende du plan, ce registre contient, pour chaque section et dans l'ordre croissant de leur numéro, la nomenclature des parcelles avec leurs données propres (contenance, nature de culture ou affectation, classe, revenu, nom du propriétaire, etc.). Les sections se succèdent dans l'ordre alphabétique.
La matrice cadastrale
Elle donne la liste de toutes les propriétés bâties et non bâties que chaque propriétaire possède dans la commune. En ce qui concerne les matrices cadastrales confectionnées au début du XXe siècle (dit « cadastre napoléonien ») il est important de noter qu'elles contiennent à la fois les propriétés bâties et non bâties jusqu'à l'application de la loi du 29 juillet 1881 (art. 2). À partir de 1882, il existe une matrice pour les propriétés bâties et une pour les non bâties.
La loi du 31 décembre 1907 prévoit la révision des évaluations des propriétés non bâties. Elle est réalisée entre 1908 et 1912 et aboutit à la confection des nouvelles matrices des propriétés non bâties, commencées en 1913 ou 1914 selon les communes, et tenues à jour jusqu'à la rénovation. De plus, à la suite de la révision décennale des propriétés bâties de 1910, une nouvelle matrice des propriétés bâties est créée en 1911. Elle est aussi mise à jour jusqu'à la rénovation.
Les matrices des propriétés bâties et non bâties confectionnées de 1908 à 1914 (dites « matrices noires ») ont pris logiquement leur place après les matrices de l'époque napoléonienne.
Comment exploiter ces documents ?
L'état de section permet de connaître pour chaque section la liste des parcelles classées dans l'ordre de leur numérotation et indique le nom du contribuable, le lieu-dit, la nature de culture, la contenance, la classe et le revenu.
La matrice présente les comptes ouverts à chaque propriétaire, dans lesquels sont portées toutes les parcelles lui appartenant avec, pour chacune d'elles, la désignation du lieu-dit, l'indication de la section et du numéro du plan ainsi que, pour les propriétés non bâties, la contenance, la nature de culture ou l'affectation, la classe et le revenu cadastral, et pour les propriétés bâties la nature de la propriété et le revenu net. Des références permettant de suivre les mutations succcessives sont mentionnées dans des colonnes aménagées à cet effet. Ces références sont : l'année d'entrée et, le cas échéant, de sortie ainsi que, sous les rubriques « tiré de » et « porté à » le numéro du compte où la propriété figurait précédemment et, en cas de radiation, celui du compte où la propriété a été transcrite.
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