Le mot générique de harkis désigne des Algériens, ou « Français musulmans », selon l'expression de l'époque, ayant appartenu à une unité supplétive de l'armée française durant la guerre d'Algérie (1954-1962) ; il est utilisé sous cette acception large après la guerre.
Sont désignés comme supplétifs « l'ensemble des auxiliaires d'origine algérienne ayant combattu aux côtés de l'armée française pendant la guerre d'Algérie » et « par extension, leurs familles ». Il s'agit de personnes de statut civil employées par l'armée, avec pour certaines une fonction militaire. On estime à près de 200 000 le nombre de supplétifs durant le conflit. (cf Guide national des sources relatives aux harkis)
Au lendemain des accords d'Evian (18-19 mars 1962) puis de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962), ces combattants et leurs familles sont transférés dans des camps du sud de la France (Rivesaltes, Saint-Maurice-l'Ardoise...) d'où certains peuvent partir vers d'autres départements dont la Lozère.
Ainsi des célibataires et des chefs de famille sont recrutés par l'Office national des Forêts qui a besoin de main-d'oeuvre pour défricher, reboiser, ouvrir des routes et lutter contre les incendies.
Plusieurs hameaux de forestage (Cassagnas, Chadenet-La Loubière, Cultures, Meyrueis-Roquedols, Saint-Étienne-du-Valdonnez, Villefort-Pourcharesses) sont créés sur le territoire afin d'accueillir et d'encadrer les ouvriers forestiers et leurs familles.
Une expérience originale est lancée en 1962 par l'abbé de La Morandais sensible à la détresse de ces populations qu'il a connues en Algérie comme aumonier militaire. Il souhaite leur offrir un cadre de vie proche de celui qu'ils ont perdu tout en permettant à certains hameaux lozériens désertés de revivre : ce sont les villages du Renouveau (Le Pouget et le Plateau du Roure) situés autour de Villefort, où les travaux du barrage sont en cours. Ce projet n'a pas duré à cause de l'isolement des lieux choisis (loin de tous services).
L'administration a prévu la fermeture des hameaux pour 1966-1967, et il est indispensable de reloger rapidement les familles qui souhaitent rester en Lozère en travaillant à l'ONF.
Une cité SONACOTRA est construite à Mende pour proposer rapidement des logements sociaux à une trentaine de familles de harkis. D'autres sont logés dans les nouveaux H.L.M. de Fontanilles. Certains préfèrent partir travailler en usine dans d'autres départements.
Ce guide veut présenter l'ensemble des documents concernant la présence des harkis et leur famille depuis leur arrivée en Lozère en 1962. Il permet de suivre leur installation, leur parcours professionnel, l'aide sociale et les secours qui leur sont alloués ainsi que la surveillance dont ils ont pu faire l'objet.
De grands axes ont été retenus au niveau national :
? Dossiers et renseignements individuels
? Les politiques publiques (reconnaissance de la nationalité, indemnisations et assistance, journées d'hommage).
? Les politiques sociales (logement, conditions de vie, travail, éducation et formation).
De nombreux dossiers plus spécifiques à la Lozère nous renseignent sur les villages du Renouveau, les hameaux de forestage et la cité SONACOTRA.
Quelques dossiers traitent de la surveillance des harkis (signalement d'incidents, rapports de gendarmerie).
Un dossier de l'inspection générale des hameaux (2 W 2107) contient des documents relatifs aux hameaux de l'Aveyron, du Cantal, des Charentes-Maritimes, de la Dordogne. Des informations sur le Gard et le Cantal se trouvent sous une autre cote (2 W 2099)
II faut signaler aussi la présence de nombreuses coupures de presse sur l'installation des familles harkies en Lozère.
Il est utile de préciser que ces dossiers reflètent l'activité très dense et diversifiée de l'administration chargée de la gestion des harkis arrivés en France, et qu'ils n'ont pas été reclassés.
Vu la masse et la dispersion des informations, la recherche peut donc s'avérer complexe dans les fonds. S'y ajoutent des problèmes liés aux noms de famille des anciens supplétifs : nombreux homonymes, mention « snp » (sans nom patronymique), ou graphie défectueuse dans les documents de l'époque et que l'on retrouve dans les inventaires qui décrivent les archives.